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Perles

La perle est utilisée en joaillerie, naturelle, sans taille, ni polissage.

La perle résulte du mécanisme de protection le plus élégant jamais conçu par un être vivant contre un agresseur extérieur. En effet, certains mollusques ont développé un extraordinaire savoir-faire, celui de puiser dans leurs richesses internes les éléments nécessaires pour neutraliser  une particule externe s’aventurant dans leur espace corporel. La perle est un système parfaitement naturel de défense contre l’agression d’un corps étranger, elle est formée d’une particule intruse enrobée de couches de nacre. Cette faculté des êtres vivants à produire du minéral est un mécanisme qui fonctionne depuis plus d’un milliard d’années. Des organismes microscopiques aux premières carapaces, jusqu’aux coquilles et aux squelette des vertébrés, toutes les formes de protection et de soutien des êtres vivants se sont construit sur cette capacité. La perle manifeste l’alliance immémoriale entre le règne minéral et le règne animal. On a retrouvé des perles fossilisées datant de 230 à 210 millions d’années. La plus ancienne perle connue fut trouvée dans une tombe princière au Japon il y a environ 5000 ans.

Formation de la perle

Suite à l’intrusion naturelle ou non d’un corps étranger à l’intérieur du corps de l’huître appelé cavité palléale. Le corps étranger est enrobé d’une succession de couches concentrique sécrétées par des centaines de cellules de l’épithélium. La première couche est une fine membrane de matière organique, suit une couche prismatique calcique et enfin une couche de nacre perlière, aragonite. Cette séquence est immuable et toute perturbation produit des défauts.

Une huître peut former jusqu’ à 10 couches de nacre perlière par jour. Chaque couche a une épaisseur de l’ordre du micron. Il faut 2 à 4 ans pour obtenir 1 perle de belle taille.

Le mot « nacre » vient du persan « nakkar » qui signifie beau et chatoyant. C’est une substance composite à la fois organique et minérale. Elle tapisse la partie interne de la coquille des mollusques nacriers. Son unité élémentaire est un gros cristal d’aragonite associé à une substance organique, d’où son nom biocristal.

Les mollusques perliers

Tous les mollusques peuvent potentiellement produire des perles. C’est assez rare chez les gastéropodes qui ont une coquille unique. Le corps est à l’étroit dans une coquille enroulée en spirale et un mode de vie de brouteurs ou de prédateur rendent difficile l’entrée de particules à l’intérieur de l’animal. La majorité des perles viennent des mollusques bivalves dont la coquille est formée de deux valves. Chez les bivalves filtreurs, les larges espaces ouverts à l’intérieur de la coquille facilitent la pénétration des particules autour desquelles se forment les perles.

Les perles sont produites par des mollusques possédant une nacre épaisse (Huître, moule, ormeau, conque…). La perle est une sécrétion de couches successives de nacre que l’animal élabore autour d’un corps étranger introduit entre la coquille et le manteau, couche externe de la peau qui secrète la coquille. La structure de la Nacre se compose de milliers de couches de cristaux minces de Carbonate de Calcium. Cette structure distinctive influence la couleur, le lustre, la longévité et l’élasticité de la perle.

La perle fine

La perle fine (d’eau de mer ou d’eau douce) est une perle qui s’est développée spontanément dans une huître ou une moule sauvage lorsqu’un grain de sable ou une autre petite chose irritante vient à pénétrer accidentellement dans la coquille du mollusque. Les perles fines sont les plus chères du monde. Fascinés par la beauté des perles fines, différents poètes antiques écrivent que les perles fines sont des larmes solidifiées des anges ou des nymphes aquatiques. Une huître Margaritifera sur 15 000 environ donne une perle noire de Tahiti naturelle. De nos jours, on ne pêche plus de perles naturelles et l’époque actuelle vit sur un stock mondial acquis non renouvelé, ce qui rend d’autant plus précieuses ces merveilles de la nature dont certaines ont fait la gloire de leur propriétaires et traversé les siècles.

La perle de culture

La première tentative eu lieu en Chine au Ve ou XIIIe siècle, les avis sont partagés selon les auteurs. Ce fut une délicate opération qui ne connut pas un succès immédiat tant le risque était grand pour le mollusque. Il s’agissait d’introduire des demi sphères ou des petites statuettes de bouddha très plate en ivoire, céramique, argile ou plomb, entre la coquille et le manteau dans l’espoir qu’elle se recouvre de nacre. C’est en effet se qui se passa. Les perles de culture furent produites à grande échelle à partir de 1920. Dans un premier temps elles rencontrèrent une certaine hostilité chez les grands joailliers mais l’ostracisme fut de courte durée car elles offraient une alternative élégante et relativement peu coûteuse à la perle fine, raréfiée. La mise sur le marché de la perle de culture japonaise annonça le déclin de l’exploitation des perles fines, surtout vers 1930. La pollution des mers, la variation de température, la modification du plancton ont rendu la pêche aléatoire, résiduelle, anecdotique de nos jours.

La perle de culture est produite par des huîtres ou moules perlières dans lesquelles une bille ronde est minutieusement introduite afin de provoquer ce phénomène, et ainsi récolter les perles aux formes et couleur irrégulières et uniques. Il existe des perles de culture d’eau de mer et d’eau douce. Un mollusque peut supporter 30 à 50 greffons et donner jusqu’à trois récoltes en 6 ans. Elles ont souvent des formes baroques, froissées, en grains de riz. Dans les Mers chaudes du globe prospèrent des mollusques de grande taille. Les huîtres de mers du sud produisent des couches perlières denses et épaisses, de très bonne qualité. Les perles produites peuvent atteindre des diamètres 14 à 15 mm jusqu’à 18 à 20 mm. On les trouve dans des teintes variées allant du blanc-rosé au crème en passant par le jaune, l’or, l’argenté, le gris, le bronze, le noir, etc. Les perles dites « Mabé » sont  des demi-perles de culture qui croissent contre la coquille intérieure d’une huître. Leur principale caractéristique est leur diamètre important (jusqu’à 20 mm).

Le naissain, c’est-à-dire les larves qui donneront naissance aux jeunes huîtres est collecté en milieu naturel au moment des pontes puis placé sur des supports d’élevage sous-marin. A 3 ans, les huîtres atteignent 10 à 12 centimètres. Elles sont prêtes pour la greffe, opération délicate. Elles ne sont sorties de l’eau que quelques minutes car tout doit se dérouler très rapidement pour optimiser les chances de réussite. Le processus de la greffe se rapproche le plus possible du processus naturel. L’obtention d’une perle parfaite est rare. Sur 1000 huîtres greffées, seules 20 perles seront parfaites. 2 ans sont nécessaires pour obtenir entre 1 et 3 millimètres de nacre.

La perle d’eau douce

Elles se trouvent dans une aire géographique beaucoup plus vaste que les perles marines. Les perles sont souvent très blanches, irrégulière et petites. En France les principaux bancs de mulettes se situaient dans le massif central et surtout la Vologne, petite rivière des Vosges, célèbre pendant 4 siècles pour ses perles qui étaient de belle forme et de couleurs variées. Les rivières ont été dépeuplées par les pêches excessives.

La perle d’imitation

Les perles d’imitation sont des perles peintes avec de la laque. Leur surface est parfaitement lisse et dure. La « vraie » perle, observée à la loupe montre des petites imperfections qui en font sa valeur. La surface qui la compose est réellement une succession de couches de cristaux réalisée sur plusieurs années.

La beauté et la qualité d’une perle résulte de la combinaison de cinq caractéristiques.

Le lustre
La perle doit son lustre, c’est à dire sa capacité à refléter la lumière, sa brillance à des qualités de surface. L’éclat est une combinaison du brillant extérieur et d’une lueur située en profondeur. L’éclat d’une perle de bonne qualité devrait être lumineux et non mat. Vous devriez pouvoir voir votre propre reflet clairement sur la surface d’une perle. Dans les plus belle perles, tous les objets environnants se reflétent. N’importe quelle perle qui semble trop blanche, mate ou crayeuse indique la mauvaise qualité. Une perle de qualité a un lustre profond dû aux couches successives de nacre translucides et elle reflète parfaitement la lumière en rendant une impression de lueur douce et chaude unique. Aucune autre matière ne rend cette impression. L’orient de la perle, sa capacité à décomposer la lumière en reflets irisés(Irisation), comme un arc-en-ciel, vient de la profondeur de la matière perlière. Il dépend de la régularité des cristaux et de l’épaisseur de la couche nacrée, il est lié à la décomposition de la lumière à travers les cristaux d’aragonite qui constituent la nacre.
La surface
A la surface, une vraie perle comporte toujours quelques petits défauts qu’il faut observer à la loupe, tels que des bosses, des rides, mêmes infimes, de petites tâches. Moins il y a de défauts plus la perle est de qualité.
la forme
La forme d’une perle est très importante pour déterminer sa qualité. Il est rare de trouver des perles parfaitement rondes. Il existe des perles « Striées » et des perles Baroques (non symétrique). Cependant, plus la perle est ronde, plus elle est de qualité.
la couleur
Les perles de culture offrent une variété de couleurs allant du blanc nacré au blanc à reflet très légèrement rosé jusqu’au noir, avec des variantes multiples de teintes intermédiaires. La couleur dépend de l’ espèce de mollusque, type de nourriture, qualité nutritionnelle de l’eau, température, profondeur…
la taille
Les perles de culture sont mesurées par leur diamètre en millimètre. Elle peuvent être inférieures à un millimètre appelées « grain » et aller jusqu’à vingt millimètres pour les perles des mer du Sud. Plus la perle est grosse, plus elle a de valeur. Cependant, ce sont les perles de 7 à 7,5 mm qui sont les plus courantes sur le marché.

Conseils pour conserver aux perles toute leur beauté

Les produits cosmétiques peuvent endommager les perles. Le parfum, l’alcool, les produits chimiques, le citron, les acides, la laque, l’eau savonneuse et surtout le chlore sont les ennemis des colliers de perles. Ces produits peuvent rendre le lustre de vos perles terne.

Si les perles sont rangées pour une longue période, il est conseillé de les protéger de la déshydratation en plaçant un verre d’eau à proximité. Une perle contient  4% d’eau et craint le dessèchement. Déshydratée, elle peut devenir mate et la nacre peut se craqueler. Evitez de les envelopper dans du
coton ou de la laine sous peine d’accélérer le processus de déshydratation. L’humidité de la peau est favorable à son éclat.

La nacre est une matière douce et tendre, qui risque de s’abîmer et de se rayer au contact des pierres et autres métaux précieux. Les perles sont mieux dans un écrin séparé ou dans une pochette de tissu mou dans un compartiment à part de votre boite à bijoux.

Si une tache apparaît sur une de vos perles, le nettoyage se fait avec un chiffon doux ou une peau de chamois. Evitez de les nettoyer à l’aide d’une brosse à dent ou tout autre matériel abrasif trop agressif qui pourraient les rayer.

Pour en savoir plus

Perles, une histoire naturelle
Album de l’exposition
Exposition de l’American Museum of Natural History, New York
en collaboration avec le Field Museum, Chicago
adaptée par le Muséum National d’Histoire naturelle, Paris
Éditions du Muséum
Un site sublime : http://www2.mnhn.fr/perles