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Les colonies coralliennes sont les plus vieux animaux vivants du monde. Leur longévité dépasse de loin celle des tortues vivant plus de 210 ans ou de certaines palourdes qui peuvent vivre plus de 405 ans.

Les récifs coralliens, âgés de 5000 ans pour les plus vieux, sont principalement issus de la croissance d'une des familles de coraux, les hexacoralliaires et plus particulièrement de ceux connus aussi sous le nom de sléractiniaires. Ces coraux ont la particularité de croître plus ou moins rapidement en fonction de leur espèce, selon un grand nombre de formes allant du plateau aux enchevêtrement de branches pointues en passant par les cônes, les formes de Laitues, les boules, les colonnes, les encroûtants... Ils sont dits 'Constructeurs de récifs' en raison du squelette calcaire qu'ils fabriquent et qui finit par constituer les récifs en eux-mêmes. Les coraux sont souvent décrits comme des colonies, en raison des centaines ou des milliers de polypes qui les constituent. Ces colonies coralliennes fournissent abris et nourriture à une incroyable diversité de formes animales, et, de part leur capacité à transformer la lumière en couleurs parfois fluorescentes, elles constituent d'immense joyaux vivants.

D’environ 1800 kilomètres de long sur 70 de large, la grande barrière de corail qui protège la coté nord-est de l’Australie est le plus grand ensemble récifal de la planète.

Différents types de récifs :
>>> Les récifs barrières résultent du développement du récif vers le large et qui s’accompagnent de la formation d’un lagon.
>>> Les atolls se forment à partir de récifs frangeants ceinturant une île volcanique qui s’est effondrée sous le niveau de la mer.
>>> Les récifs plate-forme ou bancs coralliens formés par de larges édifices récifaux se développent à moins de 20 mètres de profondeur.


Les premières traces de l'utilisation du corail par l'homme, sous forme de restes dans des tombes, remonte au Néolithique. On en retrouve les traces peintes dans certaines grottes. Depuis l'antiquité, les hommes ont été fascinés par cette couleur rouge sublime à laquelle ils attribuaient un pouvoir magique et le corail rouge a toujours servi d'amulette, de médicament et de matériau de bijouterie et de décoration de luxe. Ces trois grands types d'utilisation n'ont pas été l'apanage des peuples vivant sur les bords de la Méditerranée, mais ont été au contraire pratiquées très loin de cette mer. Ainsi, dès sa fondation, Marseille a été un grand centre d'exportation de corail rouge vers le monde celte qui en était très friand pour orner les armes et casques.

Les routes commerciales ouvertes par Alexandre vers l'orient ont été empruntées jusqu'à une époque récente par des cargaisons de corail méditerranéen qui servaient de monnaie d'échange pour les épices, la soie ou les perles, que les riches romaines préféraient au corail. Tout au long de ces routes qui partaient d'Alexandrie et dans les régions les plus reculées, on trouve des bijoux utilisant le corail rouge. Les Indes en ont été un très gros importateur, aussi pour la pharmacologie. Il semble même que le prestige de cette denrée augmentait avec l'éloignement de son lieu de récolte. C'est ainsi que le corail méditerranéen est devenu un élément vénéré au Tibet et en Mongolie, où il était un composant majeur des parures des princesses et des masques cérémoniels des chamanes.

En Afrique, le corail rouge est un ornement traditionnel des bijoux berbères de Kabylie et de l'Atlas marocain et il a été exporté bien plus au sud, en Afrique tropicale, où il était réservé à la parure des rois.

Au Moyen-Âge on cachait dans sa bourse un morceau de corail, talisman contre la sorcellerie ! On assurait qu’il rendait les récoltes fertiles et éloignait la foudre des bateaux.

Les noces de corail symbolisent les 11 ans de mariage dans le folklore français.


Le corail rouge est récolté depuis le paléolithique. A l’époque, les plongeurs descendaient en apnée.

Au Xème siècle, les arabes inventèrent un engin de pèche qui révolutionna la profession. Deux gros billots de bois, fixés perpendiculairement et garnis à chaque extrémité de filets, sont immergés et traînés en profondeur. Lesté d’une grosse pierre, le lourd appareil racle les roches et les décrochent les branches de corail récupérées dans les filets. Cet engin finira par porter le nom de « croix de saint-André » sera largement utilisé jusqu’au XXème siècle. Ces méthodes seront interdites dans les années 70-80.

Les corses ont une longue tradition de pèche au corail. A partir du XIème siècle, l’aventure du corail gagne toute la Corse. Aux 14ème et 15ème siècles, les corses avaient obtenu une concession de cueillette sur la côté du corail, dans l’est de l’Algérie.

L’invention des scaphandriers provoque une nouvelle révolution technique. En France, la récolte se fait de mai à novembre en scaphandre autonome à des profondeurs allant de 50 à 100 mètres. Il s’agit d’une activité artisanale à hauts risques. Les pécheurs ne déstructurent pas les massifs de corail, mais cueillent délicatement les branches à la main ou avec une martelette. Un corailleur effectue en moyenne 180 plongées par saison.

Actuellement, la pèche de cet animal des profondeurs le long du littoral corse est strictement règlementé. Le nombre de pécheurs est limité à une dizaine de licences (2008). Ils restent environ ¼ d’heure à 100 mètres de profondeur. Des paliers de plusieurs heures sont nécessaires pour éliminer l’azote accumulé dans l’organisme. Et s’il n’y a rien où ils sont, ils remontent car avec leur lourd harnachement ils ne peuvent pas faire de recherche une fois au fond.

En France, la profession de corailleur est très encadrée. Un corailleur est un inscrit maritime qui doit avoir le certificat d'aptitude à l'hyperbarie classe II ou III mention B option pêche au corail. Il doit aussi obtenir une dérogation pour pêcher en scaphandre, ce qui est normalement interdit. Il doit remplir un carnet de pêche et être assisté en surface par un marin également certifié hyperbare. Le nombre d'autorisations de pêcher le corail accordé annuellement par les Directions Régionales des Affaires Maritimes est décidé après consultation des représentants de la profession.

Aujourd’hui, la production annuelle en France est entre 1 à 2 tonnes et 50 tonnes dans toute la méditerranée.


Le corail rouge, que l'on peut trouver par exemple en Méditerranée, n’a rien de comparable avec les coraux des mers chaudes que l’on trouve même a faible profondeur et, qui ont une valeur marchande en décoration principalement. Il se travaille comme une pierre dure contrairement aux coraux qui sont pleins de porosités et ne permettent pas l’élaboration de sculptures.

Plusieurs étapes sont nécessaires à l'élaboration de bijoux et de sculptures :

Le corail est lavé à l’aide d’eau de javel.
>>> On découpe ensuite des tronçons à la scie circulaire sous un filet d’eau.
>>> Leurs contours sont ensuite régularisés par meulage.
>>> Le corail se travaille avec certains instruments utilisés par les dentistes tels que les forets, fraises, scies à eau, meules et polisseuses, le corail ne se travaillant pas à sec.
>>> Toutes les pièces, sauf les boules, sont percées avant de subir leur élaboration à la main.
>>> Le polissage, enfin, donne au corail tout son éclat...

Le corail apparaît très tôt dans l’histoire des pierres précieuses ou semi-précieuses.

Le corail acheté aux corailleurs méditerranéens, mais aussi dans le Pacifique, y est taillé par un grand nombre d'entreprises avant d'être revendu aux bijoutiers à un prix qui varie beaucoup selon la grosseur des pièces et leur qualité. Pour un corail de première qualité avec une superbe couleur rouge, une perle de 15 mm de diamètre peut valoir jusqu'à 1500 euros pièce (2008).

En Italie, les hommes arborent toujours de petites cornes sculptées en corail, et les femmes des boules. Les bijoux en corail ont été fort à la mode en Occident, de la Renaissance au milieu du XXe siècle.


L'exploitation du corail rouge est souvent du même type que celle d'une mine : on recherche et on découvre un site corallifère, on l'exploite, avec parfois une ruée vers cet or rouge, puis le gisement s'épuise et on abandonne le site. Dans certains cas, on oublie même sa localisation, comme pour les gisements des îles du Cap Vert ou de l'Algarve.

Toutefois, le corail rouge est une ressource vivante, donc renouvelable… très lentement étant donné son taux de croissance très faible. Une bonne gestion doit tenir compte de cette particularité, donc limiter l'effort de pêche (nombre de licences, quotas, taille minimale) et instituer un système de jachère. Il faudrait aussi avoir une bonne évaluation de la ressource disponible, ce qui est très difficile étant donné le mode de vie du corail rouge et sa répartition en taches.

En Corse, les pêcheurs corailleurs regroupés en une association ont décidé avec l'Administration Régionale des Affaires Maritimes de limiter leur nombre, de ne pas récolter au dessus de 50 m de profondeur et de mettre en place un système de jachères.

Le corail rouge n'est pas une espèce en danger, même si son exploitation tend à éliminer une part importante des stocks. Cette affirmation peut paraître paradoxale, mais s'explique par le fait que le corail rouge devient fertile dès qu'il atteint 2 à 3 cm de haut, une taille qui n'a aucune valeur commerciale. Ceci explique pourquoi on continue de voir du corail en abondance sous forme de petites branches à quelques mètres de profondeur dans la région marseillaise, où il est pêché depuis 2500 ans et qui est très fréquentée par les plongeurs. Toutefois, il faut instituer des sanctuaires permanents sans aucune pression humaine pour que le corail rouge puisse se développer au fil des siècles jusqu'aux tailles maximales que l'espèce est capable d'atteindre. En France, il y a du corail rouge dans des réserves marines.

Le corail rouge est inscrit à l'annexe II de la convention de Berne et à l'annexe III de la convention de Barcelone, ce qui implique que les stocks doivent être gérés.


Coralliculture

Le corail rouge étant une denrée précieuse et peu accessible, il était tentant d'envisager sa mise en culture, comme on le fait avec succès avec les perles. C'est ce qu'a tenté l'Association Monégasque pour la Protection de la Nature (AMPN) pour mieux connaître les capacités du corail rouge à croître dans un habitat artificiel. Plusieurs grottes artificielles en béton et en polyester ont ainsi été immergées en 1989 et 1993 avec des boutures fixées sur les parois avec du mastic. Ces boutures ont survécu et ont produit des colonies juvéniles autour d'elles. Mais leur croissance dans ces appartements monégasques n'a pas été plus forte que dans les grottes naturelles.


Pour en savoir plus

Le Corail en Méditérannée
Textes réunis par
Michel Vergé-Franceschi
Antoine-Marie Graziani
Editions Alain Piazzola
Le corail